Les avantages fiscaux de la réduction de capital social

Les avantages fiscaux de la réduction de capital
La réduction de capital peut s’avérer particulièrement adaptée afin d’appréhender une partie de la trésorerie excédentaire de l’entreprise.
Depuis le 1er janvier 2015, le rachat de ses propres titres par une société est imposé sous le régime des plus-values.
Ce nouveau régime permet dans certaines hypothèses de diviser par deux la fiscalité applicable à l’appréhension de la trésorerie excédentaire de l’entreprise.
L’objet de la présente note est de présenter synthétiquement les opportunités du nouveau régime fiscal du rachat de ses propres titres par une société en vue d’une réduction de capital non motivée par des pertes.
L’évolution du régime du rachat de titres suivi d’une réduction de capital
Cette opportunité fiscale résulte de l’inconstitutionnalité du régime antérieur.
La censure du régime antérieur de la réduction de capital
Jusqu’au 31 décembre 2014, le rachat par une société soumise à l’impôt sur les sociétés de ses propres titres était soumis à un traitement fiscal différent selon le contexte de l’opération :
Régime de principe : le gain net réalisé par un associé lors du rachat par une société de ses propres titres était soumis au régime des plus-values (art. 150-0 A, II-6 du CGI).
Réduction de capital non motivée par des pertes : le gain réalisé était soumis à un régime hybride d’imposition :
- la fraction du prix de rachat correspondant au montant des apports réels ou assimilés était soumise au régime des plus-values
- la fraction du prix de rachat correspondant aux bénéfices non encore distribués et aux réserves constituait un revenu mobilier imposé au régime des revenus distribués en application de l’article 109 du CGI.
En pratique, dans la plupart de opérations, l’essentiel de la plus-value réalisée état imposé selon le régime des revenus mobiliers, soit un taux marginal d’imposition égal à 42,5%.
Par un arrêt en date du 20 juin 2014, le Conseil constitutionnel a remis en cause ce régime fiscal hybride.
Il a en effet été jugé que la différence de traitement fiscal applicable aux deux régimes rappelés ci-dessus ne reposait ni sur « une différence de situation entre les procédures de rachat, ni sur un motif d’intérêt général en rapport direct avec l’objet de la loi » (Cons. const. 20 juin 2014 n° 2014-404 QPC).
En conséquence, le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions de l’article 112, 6° du CGI, tout en reportant au 1er janvier 2015 la date de l’abrogation afin de laisser le temps au législateur d’uniformiser les textes applicables.
La généralisation du régime des plus-values lors de la réduction de capital
Depuis le 1er janvier 2015, seul le régime des plus-values est applicable aux rachats de titres suivi d’une réduction de capital non motivée par des pertes (articles 112, 6° et 120,3° du CGI).
Les gains ou pertes réalisés par les associés personnes physiques ou morales à cette occasion sont désormais uniquement soumis au régime des plus-values selon les dispositions des articles 150-0 A et suivants du CGI (plus-values privées) ou des articles 39 duodecies à 39 quindecies du CGI (plus-values professionnelles).
Dans ce contexte, il convient de préciser que les opérations de réduction de capital simple par diminution de la valeur nominale des titres ne sont pas éligibles à ce régime.
En effet, la Doctrine fiscale est venue préciser que le régime des plus-values ne s’applique qu’en cas de rachat de titres, pouvant être suivi d’une réduction de capital (BOI-RPPM-RCM-10-30-10-10 ; BOI-RPPM-RCM-30-30-20-40 ; BOI-BIC-PDSTK-10-30-30 ; BOI-BIC-PVMV-30-30-80).
De nouvelles opportunités fiscales pour la réduction de capital
L’application du régime des plus-values offrent de nouvelles opportunités aux associés personnes physiques ainsi qu’aux résidents étrangers.
Les avantages de la réduction de capital pour les associés personnes physiques…
Le nouveau régime peut s’avérer particulièrement avantageux pour permettre aux associés d’appréhender tout type d’actif figurant au bilan de la société.
À ce titre, il convient de comparer les différentes modalités d’appréhension de la trésorerie de la société par un associé-dirigeant :
1- La rémunération du dirigeant
La rémunération est assujettie à l’impôt sur le revenu ainsi qu’aux charges sociales, soit un taux marginal de prélèvements allant jusqu’à 60/70% selon le régime applicable (dirigeants travailleurs non-salariés -gérant majoritaire de SARL – vs dirigeants assimilés salariés -dirigeant de SA, de SAS, gérant minoritaire de SARL, etc.).
Bien que soumis à une forte fiscalité, le versement d’une rémunération reste opportun dans certaines situations : rémunération régulière, assurance maladie, retraite, …
2. Le versement de dividendes
Les dividendes distribués aux associés personnes physiques sont imposés selon les modalités rappelées ci-après :
- barème progressif de l’impôt sur le revenu, après abattement de 40% ;
- prélèvements sociaux au taux de 15,5% ou, sous certaines conditions, aux charges sociales au taux moyen d’imposition de 35% (pour les dirigeants TNS).
Soit un taux marginal d’imposition de 42,5% pour les associés non dirigeants ou dirigeants assimilés salariés et d’environ 60% pour les associés dirigeants travailleurs non-salariés.
3. Les avantages du nouveau régime de la réduction de capital
La plus-value réalisée par l’associé retrayant est assujettie aux contributions sociales au taux de 15,5 % ainsi qu’à l’impôt sur le revenu au barème progressif.
La réduction de capital permet toutefois de bénéficier des abattements pour durée de détention, ce qui permet de réduire significativement l’impôt sur le revenu :
Le bénéfice des abattements classiques pour durée de détention
Les plus-values réalisées par les associés personnes physiques sont imposées comme suit :
- barème progressif de l’impôt sur le revenu, après application d’un abattement pour durée de détention:
- 50% pour les titres détenus depuis plus de 2 ans :
- 65% pour les titres détenus depuis plus de 8 ans ;
- imposition aux prélèvements sociaux au taux de 15,5%.
Soit un taux d’imposition marginal de 31,25%.
L’existence d’abattements renforcés dans certaines situations
Un abattement pour durée de détention renforcé s’applique dans les situations suivantes :
- cession de titres de PME souscrits ou acquis dans les dix ans de la création de la société ;
- cession de titres des dirigeants de PME prenant leur retraite ;
- cession au sein d’un groupe familial en cas de participation excédant 25%.
L’abattement majoré est égal à :
- 50 % lorsque les titres sont détenus depuis au moins un an et moins de quatre ans;
- 65 % lorsque les titres sont détenus depuis au moins quatre ans et moins de huit ans ;
- 85 % lorsque les titres sont détenus depuis au moins huit ans.
En fonction de la durée de détention des titres annulés, l’imposition globale pourra être réduite au taux marginal de 22,25%
La possibilité de réaliser des distributions inégalitaires entre associés
Alors que les dividendes sont en principe répartis entre les associés au prorata de leur participation, la réduction de capital peut être limitée au seul profit de certains associés.
La réduction de capital peut ainsi permettre de financer la sortie d’un associé sur la trésorerie de la société.
Les avantages de la réduction de capital pour les résidents étrangers
Les dividendes versés à des non-résidents sont assujettis à une retenue fixée à (source (art. 119 bis et 187 du CGI) :
- 21 % pour les dividendes éligibles à l’abattement de 40% ;
- 30 % pour tous les autres revenus.
Les nombreuses conventions fiscales conclues par la France prévoient généralement une limitation de ce taux à 15%.
Depuis le 1er janvier, les gains attribués aux actionnaires non-résidents à l’occasion du rachat de leurs propres titres par une société française échappent à cette retenue à la source (art. 119 bis, 2 du CGI).
De nombreuses conventions fiscales excluent en effet l’application de toute retenue à la source aux plus-values réalisées par les non-résidents.
L’exonération de retenue à la source devra cependant être vérifiée au cas par cas en fonction du pays de résidence de l’associé concerné.
Une opération à éviter pour les associés personnes morales
Le rachat de titres est pénalisant pour les personnes morales détenant plus de 5% du capital de la société (régime mère-fille).
En effet, en vertu des dispositions applicables au régime mère-fille, les dividendes distribués sont exonérés d’impôt chez la société mère, sous réserve d’une réintégration d’une quote-part pour frais et charges de 5%, soit une imposition au taux effectif de 1,67% chez la société mère.
Le régime des plus-values désormais applicable prévoit l’imposition d’une quote-part pour frais et charges de 12%, soit une imposition au taux de 4% chez la mère.
Désormais, et sous réserve de l’application du régime mère-fille, la distribution de dividende à la société mère restera plus avantageuse.
Conclusion concernant les avantages de la réduction de capital
Le rachat de titres suivi d’une réduction de capital est soumis à un formalisme juridique plus contraignant que la distribution de dividende (Assemblée générale extraordinaire, délai d’opposition des créanciers pouvant aller jusqu’à 30 jours, impact sur la répartition du capital, …).
Par ailleurs, il convient de porter une attention particulière aux effets de seuil : la diminution du taux de participation peut conduire l’associé retrayant à perdre certains avantages fiscaux.
Sous ces réserves, la réduction de capital par rachat de titres peut permettre d’appréhender la trésorerie de l’entreprise, ou tout autre type d’actif dans des conditions fiscales très avantageuses.
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